Militante

Je suis toujours surprise par ces personnalités, souvent des artistes de variété ou des comédiennes, qui sont très impliquées dans la vie du monde et qui refusent qu’on leur dise qu’elles sont militantes [je parle au féminin ; le positionnement des hommes est moins surprenant, la domination masculine leur épargnant d’emblée la question].
Je viens d’entendre le témoignage de la petite fille d’Anne Sylvestre à l’occasion de la sortie d’un CD et d’un livre la concernant. Anne Sylvestre était-elle militante ? Sa petite fille dit qu’elle n’a jamais souhaité se présenter comme telle, qu’elle préférait dire qu’elle écrit des chansons et raconte des histoires qui évoquent la vie des femmes. Pourtant, d’emblée, le journaliste dit d’elle qu’elle est féministe et écologiste. La petite fille d’Anne Sylvestre ne le dément pas.
À entendre de nombreuses chansons, on se dit que, quand même, c’est très militant ! France Info diffuse d’ailleurs un cours extrait de Clémence en vacances que je vous invite à écouter si vous ne connaissez pas. Alors pourquoi Anne Sylvestre et d’autres disent-elles « Non, non, je ne suis pas militante ! » Est-ce un gros mot ?
Il est vrai que l’image de la militante est associée souvent à celle de la virago, plutôt poilue, un peu grosse, vindicative, méchante… Et alors ? Pourquoi s’arrêter aux clichés ? C’est là que l’on cerne mieux ma mise des hommes entre crochets dans le premier paragraphe : la domination masculine les protège de ces appréciations là où les femmes se doivent d’incarner une certaine représentation du féminin.
Est-ce pour cela qu’elles refusent d’être nommées « militantes » ? Cela m’agace !
— Il faut dire qu’avec tes poils aux pattes, tes kilos en trop et ta façon de parler, tu fais un peu virago !
— Caddie !