Consentement

Lors de mon dernier passage à l’hôpital, alors que j’étais installée en salle d’examens (en chemise de bloc les fesses et les nichons à l’air), l’infirmière anesthésiste a commencé à badigeonner le dessus de ma main droite. Cela m’a fait penser qu’elle avait choisi cet endroit pour poser sa perfusion. J’ai sitôt protesté en indiquant que je refusais que l’on me pose une perfusion sur le dessus de la main.
Plutôt que de me demander pourquoi, voire tenter de me convaincre, l’infirmière anesthésiste a tout de suite argué de sa compétence sur le thème « Je sais ce que je fais. » Tout en restant le plus calme possible, je lui ai répondu que je l’espérais mais que je refusais néanmoins que cette perfusion soit posée à cet endroit car ça fait mal, douleur qui serait augmentée par les neuropathies. L’infirmière n’en a pas pour autant déplacé l’endroit de sa désinfection.
Je lui ai donc précisé qu’elle avait besoin de mon consentement pour poser cette perfusion et qu’elle ne l’avait pas. Je lui ai désigné le pli du coude dont raffolent les infirmières en hématologie. Petit à petit, son coton s’est déplacé sur mon avant-bras (cherchant une veine introuvable) pendant qu’elle insistait pour défendre sa compétence que j’ai reconnue plusieurs fois.
Au bout du compte, une deuxième personne qui était dans la pièce (peut-être la médecin ?) m’a posé la main sur l’épaule en m’invitant à me détendre, que tout allait bien se passer. Je n’ai pas pris cette recommandation pour moi mais plutôt pour l’infirmière anesthésiste que je sentais blessée par ma requête. D’un geste rapide, elle est remontée vers le pli du coude, a posé la perfusion sans que je ne sente rien.
Je l’en ai remerciée avant de sombrer.
Au lendemain de l’examen, j’ai découvert dans le compte rendu que la médecin qui l’avait pratiqué n’était pas celui qui me suit depuis cinq ans. En cas d’intervention ou d’examen sous anesthésie, quand on rencontre l’anesthésiste, il informe toujours clairement qu’il ne sera pas au bloc. Par contre, le médecin que j’avais vu en consultation s’était engagé et la permutation a eu lieu sans que j’en sois informée, donc sans mon consentement.
J’ai interrogé à ce sujet l’interne que j’ai vu le lendemain. Il m’a indiqué que c’était comme ça que ça se passait, que plusieurs médecins étaient disponibles et que celle qui avait pratiqué l’examen était parfaitement compétente. Je lui ai répondu que je ne doutais pas de sa compétence mais qu’il me semblait normal d’être informée d’une permutation possible, ce qui m’évite de me réveiller avec le sentiment d’avoir été trompée.
Il est évident que l’interne n’a pas compris ma requête. L’infirmière anesthésiste ne l’avait pas compris non plus. Les deux ont cru que c’était une question de compétence. Ne pas donner son consentement à quelque chose n’est pas dire que l’autre n’est pas compétent, c’est simplement dire que l’on est d’accord avec ce qui est fait et qui le fait. N’est-il point ?