Confort +

Je remarque ce matin que le site des bibliothèques de la Ville de Paris, qui ne respecte que 29 % des critères d’accessibilité du RGAA (il est assez difficile de faire moins), propose une surcouche d’accessibilité, un outil que la Commission européenne en personne considère comme inopérant : « Ces outils ne permettent en aucun cas de rendre un site accessible ni de respecter la législation française en vigueur. »
Les personnes handicapées le savaient depuis fort longtemps mais cette reconnaissance officielle est la bienvenue bien qu’elle semble tout à fait inopérante pour inviter les éditeurs de site à ne pas les utiliser, notamment les sites publics. C’est ainsi que le site des bibliothèques affiche discrètement un menu « Confort + » avec le « + » écrit en rouge sur un fond rose foncé, ce qui dit tout de la compréhension de ces développeurs de la notion de contraste, une notion parmi d’autres essentielles à l’accessibilité.
Dans la barre d’outils qui s’ouvre, on peut augmenter la taille des caractères (ce qui n’a aucun effet ni sur la tablette ni sur l’ordinateur) et d’autres actions qui me laissent dubitative comme « naviguer sans effort » qui, dans ce que j’ai pu en voir, affiche deux grosses flèches orange qui servent d’ascenseur vertical. J’ignore où est la réduction de l’effort, peut-être pour les personnes qui naviguent au clavier ? J’ai testé d’autres outils ; je n’ai pas eu l’impression que cela fonctionnait.
Je m’arrête là, l’inefficacité de cette surcouche n’étant par définition pas à démontrer. Ce qui m’intéressait avant tout, c’est l’utilisation du terme de « confort » associé à un « + » pour évoquer des outils d’accessibilité. L’accessibilité n’est pas un confort ; c’est une nécessité, c’est ce qui permet à une personne avec tel ou tel handicap de naviguer sur un site Internet en toute autonomie. L’autonomie n’est pas un confort. C’est un droit, comme l’accessibilité… Et il ne peut y avoir une amélioration du confort quand initialement il n’y en a pas.