Alors qu’elles attendaient leur cours de judo dans le vestiaire, deux collégiennes se partagent un téléphone pour regarder des vidéos sur TikTok. En pleine campagne nationale « Dix jours sans écran », je fais remarquer à celle à qui le téléphone appartient qu’elle pourrait aussi le poser et discuter avec nous. Sa camarade est d’accord avec ça tout en continuant de regarder.
Je tente autre chose et suggère de regarder des vidéos de judo pour préparer le cours qui s’annonce, cours durant lequel elles doivent construire un programme pour passer leur grade. Si tôt dit, si tôt fait. J’entends un commentaire de cours débité par un professeur qui parle très vite au point que je ne comprends pas vraiment ce qu’il est en train de démontrer. J’en fais la remarque.
– J’ai mis deux fois plus vite, comme ça, tu peux voir plus de vidéos.
La réponse m’a laissée pontoise. Je remarque que c’est assez futé (ça marche aussi pour Blazac ?) mais, dans mon univers, ce sont les aveugles et les déficients visuels basse vision en mode vocal qui augmentent la vitesse de lecture au point qu’ils sont souvent seuls à comprendre. J’aurais voulu leur expliquer cela mais c’était l’heure du cours et elles ont filé sur le tatami. J’espère que toutes ces stratégies qu’elles mettent en œuvre pour optimiser leur usage du téléphone compenseront l’abêtissement que ces fortes consommations numériques engendrent.