Sécurité sociale alimentaire

J’entends beaucoup parler depuis quelque temps de la « Sécurité sociale alimentaire ». Dans mon arrondissement, des associations qui militent en faveur des droits humains et de la réduction des inégalités, dans un contexte plus ou moins clair de rupture avec le capitalisme, ont amorcé une réflexion que j’ai suivie de loin. Aujourd’hui, on en parle sur France info, au Parlement et lors, de la prochaine votation citoyenne, la question dans le 14e sera de savoir si celui-ci se lance ou non dans une expérimentation d’une caisse alimentaire solidaire inspirée de cette sécurité sociale.
En très simple, les assurés payent une cotisation en proportion de leurs ressources : ils bénéficient alors d’un crédit de, par exemple, 150 € par mois pour acheter des produits alimentaires de qualité dans des circuits qui valorisent la production locale et paysanne. Ce qui n’est pas couvert par les cotisations le sera par des subventions publiques.
Sur le papier, pourquoi pas. Des expérimentations en région ont, semble-t-il, donné de bons résultats. À Paris, le tissu économique et commercial me fait douter de l’intérêt de ce système pour les consommateurs. J’ai déjà évoqué un supermarché paysan qui sera sans doute dans la liste des commerces où l’on pourra dépenser les 150 € et qui, en dépit de circuits très courts, pratique des prix tout à fait prohibitifs. Je ne suis bien sûr pas opposée à la rémunération des différents acteurs, et notamment des producteurs de fruits et légumes, et de ceux qui les transforment, mais il y a des limites. J’aimerais bien disposer du détail de la répartition du prix entre fournisseurs et distributeurs, comme du revenu réel des uns et des autres, dans ce type de circuits, comme dans les AMAP et autres paniers prépayés.
Il y a en effet le prix des produits bruts, qui est déjà assez surprenant, et le prix des produits transformés. Un petit pâté de 180 g. à 8 € ; un yaourt à 3 €…. Tout cela n’est pas très clair. L’argent public a-t-il vocation à subventionner ces circuits opaques ? J’ajoute que je n’ai aucune confiance dans la mairie de mon arrondissement pour clarifier les choses et rendre ces marchés transparents. C’est comme ça, la confiance cela se gagne à l’exercice du pouvoir, et cela se perd également à l’exercice du pouvoir.
Je voterai donc contre cette proposition qui s’appuie sur de bonnes intentions non étayées.

Addenda. J’étais ce soir 6 mars à la réunion d’information qui s’est tenue à la mairie du 14e. Celle-ci m’a convaincue de voter contre cette expérimentation ne serait-ce que parce qu’elle est présentée comme acquise alors qu’il y a un vote dans 15 jours. Sur le fond du dossier, je ne partage pas l’analyse qui est faite de la situation des agriculteurs, notamment ceux qui alimentent les circuits courts à Paris. Je maintiens mes doutes sur les conséquences négatives d’un tel projet pour les consommateurs. Quant aux commerçants qui seront sélectionnés, la première condition est l’accessibilité de leur commerce. Je peux affirmer que parmi tous les commerces que je connais de mon arrondissement qui pratiquent des circuits courts, aucun n’est accessible étant entendu que l’accessibilité ne se limite pas à mettre une rampe pour les usagers de fauteuil roulant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.