Une amie en rupture conventionnelle avec son employeur a fait un bilan de compétences. Elle m’a demandé si j’accepterais de répondre à un questionnaire la concernant envoyé par la personne qui pilote ce bilan. J’ai accepté sans réfléchir, avec l’envie de l’aider. J’aurais peut-être mieux fait de réfléchir, et de me renseigner…
Je me suis trouvée face à des questions auxquelles j’étais tout à fait incapable de répondre, celles-ci visant à me faire dire quelles étaient les compétences de cette amie. Les compétences visées n’étaient pas sa capacité à faire un gâteau au chocolat ou à changer un fusible. Il s’agissait de compétences au sens professionnel du terme, c’est-à-dire quelque chose qui m’est totalement étranger puisque je n’ai pas, au cours de ma vie, eu d’expérience professionnelle au sens où le Code du travail l’entend. Pour les définir, plus que « compétences », je pourrais dire « qualités », qualité d’organisation, de management, de direction, d’exécution…
Quoi qu’il en soit, et sans que je ne puisse véritablement considérer que mon expérience en soit la cause, je me suis rendu compte à cette occasion que je ne connais pas mes amis en termes de compétences. Je suis incapable de dire même pour les plus proches s’ils ont plus le sens de l’exécution ou celui de la direction, s’ils sont plus créatifs que grégaires, s’ils ont le sens de l’organisation ou s’ils préfèrent agir au jugé…
Je m’en suis ouvert auprès de la personne réalisant ce bilan. Les choses ont assez mal démarré entre nous car quand je lui ai dit que j’étais incapable de répondre à une question sur les compétences de cette amie, sa première réponse a été de me demander si je considérais qu’elle n’en avait aucune… Je lui ai répondu qu’à l’inverse je pensais qu’elle les avait toutes selon les circonstances !
Nous avons ensuite devisé sur mon constat selon lequel j’ignorais qu’elles étaient les compétences de mes amis et que je ne souhaitais absolument pas les connaître. Cette personne m’a fait un long développement pour m’expliquer que la manière dont on percevait l’autre en amitié n’était pas indépendant de ses compétences professionnelles. Je n’ai pas vraiment discuté ses arguments, j’ai bien senti que j’avais tort.
Je me suis alors demandé comment je percevais cette amie ; je me suis rendu compte que même à cette question je ne sais pas répondre. Je ne sais pas pourquoi j’aime telle ou telle personne, pourquoi je n’aime pas telle autre. Il peut y avoir des raisons objectives : si quelqu’un me met une claque, j’aurais spontanément moins envie de l’aimer que si cette personne m’accueille avec affection. En ce qui concerne l’amie en question, je ne la connais pas tant que ça, je sais juste que j’ai du plaisir à passer du temps avec elle et à mener quelques projets ensemble. N’est-ce pas suffisant ?
Et même pour celles et ceux de mes amis que je connais mieux, je sais d’un point de vue purement technique quels services je peux demander à l’un ou à l’autre, chacun de nous ayant un savoir-faire particulier. Pour autant, ce n’est pas cela qui me les fait choisir et, si j’en reviens à ces compétences professionnelles, moi-même je peux être directrice certaines fois, exécutante à d’autres, cela dépend de tant de choses !
Au fil des ans j’ai pu remarquer que la plus grande compétence que nous avons chacun, c’est de nous surprendre les uns et les autres en fonction des circonstances. Régalons-nous-en !