À l’époque où je sortais un peu le soir, il n’était pas rare que l’on me demande où j’avais fait ma couleur. J’en étais parfois amusée, d’autres fois agacée ; je n’ai jamais eu de problème avec la couleur de mes cheveux mais je sens bien que le reste de la population en a un, que je sois identifiée comme albinos ou pas. Cela a sans doute participé au fait que j’aime avoir les cheveux très courts, autre résistance à l’injonction sociale en matière d’esthétique capillaire.
Six mois après l’intensification thérapeutique avec autogreffe, mes cheveux ont bien repoussé (mes poils un peu moins mais ça avance) : ils sont plutôt fins, tout frisés, et plus blonds qu’à l’ordinaire. Pour l’instant, je n’ai pas eu de réactions désobligeantes, mes proches se réjouissant avec moi de cette repousse, s’amusant de leur aspect « cheveux de bébé ». Un front commun est en train de se développer pour me suggérer de ne pas couper mes nouveaux cheveux. Pour l’instant, ça me va, mais je sens que très vite je vais vouloir retrouver ma coupe d’avant, avec une couette bien sûr.
Ceci étant, je dois avouer que j’attends avec impatience qu’une personne me dise : « Oulala, mais tu as changé de coupe ! » avec, je l’espère, un petit commentaire sexiste relayant les habituelles injonctions esthétiques. Cela me permettrait de répondre quelque chose comme « Oui, je me suis dit qu’une petite chimiothérapie ferait du bien à mes cheveux. » Ce serait très violent de ma part, bien sûr, mais les injonctions esthétiques sont tellement violentes, notamment à l’égard des femmes ; n’est-ce pas l’occasion de les venger un peu quand l’opportunité se présente ?