Dans le hors-série n°12 de Socialter « L’écologie ou la mort », de l’hiver 2021/2022, dans un entretien, Catherine Larrère évoque le philosophe André Gorz :
« Avant même de rencontrer l’écologie dans les années 1970, il développe le projet d’une société orientée vers l’autonomie et la liberté, en critiquant le productivisme marxiste et socialiste sur les bases d’un existentialisme sartrien. L’une de ses idées centrales est que la société doit permettre de dégager du temps, disons du temps de « convivialité », pour reprendre le terme de son ami Ivan Illich. Cependant, il s’oppose aux solutions proposées par Murray Bookchin (…) à savoir un retour à des petites unités productives, à l’échelon local. Il en conteste la prétention à l’autonomie, les jugeant régressives et irréalistes. On ne peut pas, selon lui, se passer d’un secteur hétéronome de productivité technique, mais il est capital de contrôler et d’élargir les espaces d’autonomie dans la société. C’est le sens qu’il donne finalement à la décroissance, terme qu’il invente : l’articulation entre ce qui relève de la convivialité et ce qui relève d’une productivité qui ne peut pas être une finalité. »