Chaque hospitalisation porte son lot d’expériences validistes au-delà des discours institutionnels d’inclusion et de formation des personnels. Quand ceux-ci sont avisés de ma déficience visuelle*, cela se passe souvent bien, même si mon « taux d’effort » est toujours important. Je pense souvent, dans ces circonstances, à mes amies aveugles qui n’ont pas la ressource d’en voir un minimum. Autant que possible, je ne force pas mon talent avec l’idée que mettre les valides en situation fera peut-être avancer le Schmilblick.
Je viens ainsi de passer trois jours à l’hôpital Saint-Joseph, où le personnel est globalement très accueillant, sympathique et professionnel. À l’annonce de ma déficience visuelle, tous ont réagi positivement a minima en me disant de dire ce dont j’avais besoin. Une seule réaction m’a laissée pantoise : il était 4 heures du matin et l’aide-soignante est venue m’apporter une préparation médicale. Elle m’a donné des consignes en précisant « Je le pose là ». Sitôt je lui ai demandé où en lui précisant que je suis déficiente visuelle.
— Ah bon ?
* Bien que mon dossier médical fasse état de ma basse vision, personne n’est jamais au courant. Je dois donc informer chacun de mes interlocuteurs, avec des redites car je ne les reconnais pas.