Absurde

Je suis allée faire une I.R.M. à l’hôpital Saint-Joseph et je crois que j’ai touché le fond en matière de comportement absurde dans l’accompagnement d’une personne handicapée. Je suis arrivée dans le service canne blanche en main. Il y avait derrière le guichet d’admission trois personnes. Il n’y avait aucun patient aux guichets ni dans la salle d’attente.
Comme je le fais d’habitude, je dis bonjour à la cantonade pour me signaler et j’attends. Très vite, une des trois agentes m’appelle sans me dire où elle est, bien sûr. Je la laisse m’appeler une deuxième fois. C’était celle sur ma droite. Je lui dis que j’ai un rendez-vous pour une I.R.M. Elle me demande sitôt si j’ai pris un ticket. Je réponds non. Elle insiste. Je lève un peu la canne et je lui réponds que je n’ai pas vu la machine et que, même si je l’avais vue, je suppose qu’il s’agit d’un écran qui n’est pas sonorisé…
J’entends qu’elle se lève. Elle sort de son aquarium pour se diriger vers la machine. Sentant sans doute le caractère absurde de prendre un ticket alors qu’il n’y a pas de file d’attente et que ce ticket va m’orienter directement vers son guichet, elle rebrousse chemin et me dit de m’asseoir. Elle me demande ma convocation, mon ordonnance, ma carte vitale et une pièce d’identité. Je pose tout cela devant elle. Elle me demande mon nom. Je réponds en lui donnant également ma date de naissance. Elle fait ses bidouilles sur son écran (j’entends son clavier crépiter) sans jamais se saisir d’aucun des documents qu’elle m’a demandés, ni ma carte vitale, ni mon passeport, ni mon ordonnance, ni ma convocation.
Enfin, elle me dit d’aller attendre dans la salle d’attente numéro « ? »,  celle attenante au guichet. Elle ne me le précise évidemment pas ; et sa phrase aurait pu me faire croire qu’il s’agissait d’une autre, puisque celle-ci était suffisamment proche pour ne pas avoir besoin d’être nommée. Je vais dans ce service depuis assez longtemps pour le savoir et j’ai ravalé ma remarque, pensant qu’elle avait eu son compte pour la journée.
Je m’assois. Sitôt une personne m’appelle et disparaît dans un couloir… La suite, tous les déficients visuels la connaissent, par-ci par-là ici là-bas etc. Pour cette partie, ce n’est pas tant absurde mais c’est la preuve que l’incompétence des soignants de l’hôpital dans l’accueil des personnes handicapées est toujours au top.