J’ai été sollicitée, à l’instar des Parisien·nes titulaires de la Carte citoyenne, à participer à la Soirée de l’engagement. J’étais à l’Hôtel de Ville ce jour-là pour la plénière du CDCA. J’ai donc décidé de faire d’une pierre deux coups.
Le programme de la Carte citoyenne ne porte aucune dimension d’accessibilité. Au début, il était néanmoins possible d’engager un dialogue pour que je puisse participer à telle ou telle activité. Pour une raison que j’ignore (un changement de leadership, d’agents… ?) ce dialogue n’est plus possible. L’ayant constaté plusieurs fois, je ne le tente plus.
Pour cette Soirée de l’engagement, il fallait prendre un ticket sur une plate-forme privée peu accessible au point qu’à l’entrée, j’ai été incapable de présenter le QR code magique en dépit de mon inscription. J’ai quand même réussi à entrer (après négociations) sans que personne ne me propose de m’accompagner. Un agent d’accueil Ville m’a dit d’aller par là et de suivre les flèches… Je précise que j’avais une canne blanche à la main.
J’ai alors sollicité l’aide d’un agent de la police municipale. Il était très embêté que rien n’ait été prévu. Il a pris sur lui de m’accompagner jusqu’aux salons de l’Hôtel de Ville alors que ce n’était pas dans ses fonctions. Là, je n’ai trouvé aucun service d’accueil ni personne identifiable qui pourrait m’aider.
J’ai tourné un peu en rond avant de m’adresser à la personne sur le stand de la Carte citoyenne que j’avais repéré grâce à un énorme logo de la Ville. La jeune femme qui s’y trouvait a commencé par ne pas entendre ce que je lui disais et voulait absolument me vanter les mérites de la Carte citoyenne que je détiens depuis sa création.
Ce malentendu levé, je lui ai demandé son aide pour retrouver la sortie, puisqu’à l’évidence, je n’avais aucune place dans ce dispositif. Elle n’était pas là pour ça. Elle me l’a dit. Je lui ai fait remarquer que c’était quand même à l’initiative de la Carte citoyenne que j’étais là. Elle m’a répondu « absolument pas ». J’ai vérifié en rentrant. C’était bien dans le cadre de ce programme que j’avais reçu l’invitation.
Sur mon insistance (j’ai dû arguer que ce n’était pas très citoyen de ne pas aider une personne handicapée — je sais, c’est petit), assez contrariée, elle a fini par solliciter une personne sur un stand à côté. Un monsieur, tout à fait adorable, m’a alors accompagnée jusqu’en haut des escaliers qui mènent à la sortie (et qui n’ont pas de rampe) et m’a confié à un jeune homme.
Celui-ci appartenait à une association qui avait été sollicitée pour accueillir les personnes en dehors de l’Hôtel de Ville ; il s’était finalement retrouvé à ne rien faire dans les salons. Il m’a proposé d’en faire le tour, mais j’avais eu ma dose. Il m’a raccompagnée par l’ascenseur (très caché) affligé par mon récit. Il m’a dit qu’il y avait un stand de chiens guides et, par le fait, ne comprenait pas bien à quoi cela servait si les déficients visuels ne pouvaient y accéder. CQFD.
Comme dirait Sarah, « Pourquoi vas-tu dans ces trucs-là puisque tu sais que ce n’est pas fait pour toi ? » Peut-être parce que j’ai toujours l’espoir d’un miracle ? Parce que je ne m’habitue pas au fait qu’une ville comme Paris (capitale de la France, 2 millions d’habitants) organise des manifestations autour de l’engagement sans permettre aux personnes handicapées, citoyens parmi les autres, de s’engager ?
C’était justement la question que j’avais posée au CDCA après une présentation du nouveau service public de l’autonomie géré par la direction des Solidarités. Tout y était absolument parfait à cette nuance que la question de la citoyenneté n’était pas évoquée. Au moins, j’ai eu l’impression que mes interlocutrices avaient tout à fait entendu le sens de ma remarque. Ma journée n’était pas totalement perdue.
NB. Pour votre information complète, CDCA, cela signifie conseil départemental de la citoyenneté et de l’autonomie.