Poussettes

Dès que l’on parle accessibilité du bâti et de l’espace public, c’est immédiatement la question des bateaux, des rampes d’accès et des ascenseurs qui émerge. Sitôt, l’argument fuse : cette accessibilité profite aussi aux mamans avec leur poussette. C’est un poncif et je l’ai bien sûr entendu récemment à l’occasion d’un débat autour des vingt ans de la loi de 2005.
Les personnes qui l’utilisent sont de bonne foi. Elles veulent dire que, finalement, l’accessibilité est utile à tous, ce qui est vrai ; mais cela suggère que, si ce n’était pas le cas, peut-être que l’accessibilité serait moins légitime… Comment refuser à une maman (je n’ai jamais entendu dire un papa ou une nounou) de circuler facilement avec sa progéniture ? L’enfant est l’avenir ; la mère porte le devenir de l’humanité. Travail, famille… Pas moins.
Face à cela, la personne handicapée supposée non productive ne fait pas le poids et c’est bien pour les poussettes que les passages piétons sont pourvus de bateaux et les établissements où elles se rendent de rampes d’accès. Vous l’aurez compris, l’argument de la poussette est un argument validiste ; un de plus ; tellement d’ailleurs qu’il nous est servi depuis vingt ans et qu’il n’a eu aucun effet pour les personnes handicapées en fauteuil, la plupart de ces aménagements conservant une « petite marche » de deux ou trois centimètres qui fait toujours obstacle.

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