Sortir de la crise démocratique

Le rapport annuel 2024 du Conseil économique, social et environnemental (CESE) évoque la crise démocratique. D’emblée, on en retient qu’un quart des Français·es ne se sent pas appartenir à la société française et qu’un autre quart (le même ?) considère que la démocratie n’est pas le meilleur système politique. Je vous recommande de regarder la vidéo car, en trois minutes, elle éclaire sur les tenants et les aboutissants de ces deux chiffres qui sont d’emblée inquiétants mais qui ne résument pas à eux seuls cette étude.
J’en retiens principalement que la cause de cette désaffection d’une bonne part de nos concitoyens est en ligne directe les inégalités et les discriminations qu’ils vivent au quotidien. Quand on peine à trouver un logement, quand on est mal payé et maltraité dans son travail, quand il est difficile de faire valoir ses droits, quand on est exclu de la communication publique pour cause d’illectronisme ou parce que celle-ci n’est pas accessible à tous… Il me semble tout à fait logique de se sentir exclu de la société ; je fais court, bien sûr.
Le deuxième point que je voudrais retenir c’est que, en parallèle, les personnes sont demandeuses de participation à la décision politique et de perspectives d’avenir. Tiens donc… Nos concitoyens seraient-ils moins inféodés à l’ordre établi que la classe politique elle-même ? À regarder gesticuler le nouveau Premier ministre, cela coule de source.
Vous vous doutez bien que l’exemple de l’accès à l’information publique n’est pas un choix d’exemple que j’ai pris au hasard. Je remarque en effet qu’à Paris, de nombreuses procédures de coconstruction et de consultations sont proposées. Des concertations en ligne, des ateliers, des marches exploratoires, un budget participatif, des votations citoyennes, des conseils de quartier, de la jeunesse, des anciens, des handicapés, etc., le tout convoqué essentiellement par voie numérique sur des sites non conformes au RGAA.
Pour avoir participé à un certain nombre de ces initiatives, je remarque qu’elles sont essentiellement fréquentées par des femmes et surtout des hommes blancs de plus de 50 ans, ce qui ne me semble pas, à prendre les transports en commun, représentatif de la population parisienne. Ceux-ci ne valent pas analyse sociologique, bien sûr ; mais cela dit quand même beaucoup, surtout si je croise ces informations avec les personnes qui vivent dans mon quartier.
Il me semble que les modes de communication de la Ville de Paris sont directement responsables de cette participation qui ne sait pas attirer à elle l’ensemble de la population, et surtout pas celle qui se sent exclue de la société. Je plaide ici pour une communication réellement accessible. Ce n’est bien sûr pas la panacée mais, pour l’avoir expérimenté sur quelques projets avec mon bailleur, il est évident que des documents qui se lisent et se comprennent aisément augmentent notoirement une participation plurielle à la décision collective.
Quant à l’idée de construire un véritable projet de société qui fasse rêver avec une part conséquente donnée à la réduction des inégalités et des discriminations… Les associations et les partis politiques sont là pour ça ; ils ne drainent pas plus les foules, hormis ceux qui véhiculent un discours populiste (avec souvent des supports papier très lisibles) ; sans doute que les jeux de pouvoir y sont pour quelque chose mais, une fois encore, je crois vraiment que le choix de ne pas être inclusif, au sens de « accessible dans leur communication », est une cause majeure de cette désaffection.
Au profit de qui ? La réponse est juste avant le point-virgule de ma phrase précédente.

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