Mon voisin de perfusion ce mercredi était un homme de 35 ans qui, après une série d’examens et d’hospitalisations, se retrouvait en hôpital de jour pour la première fois pour un traitement très lourd (mais très efficace). L’infirmière qui l’a pris en charge a été d’une exemplarité qui m’a émue. Elle a pris le temps de tout lui expliquer, de répondre à ses questions, de s’intéresser à ses douleurs, à son angoisse… j’ai suivi tout cela car la confidentialité s’arrête au rideau qui sépare les fauteuils d’hôpital de jour. J’en ai déjà parlé.
Comme j’étais émue (une réminiscence de ma première infirmière, tout aussi exemplaire ?), j’avais envie d’intervenir. J’étais là pour trois heures trente de perfusion, j’avais le temps. J’ai passé la tête dans la partie ouverte du rideau et ai indiqué à ce monsieur que j’étais là, que je connaissais bien l’hôpital de jour et qu’il n’hésite pas à me demander s’il avait une question ou besoin de quelque chose.
Le temps a passé. Je suis allée manger. En revenant, il m’a interpellée je ne sais plus sur quoi et nous avons devisé un bon quart d’heure en échangeant nos expériences respectives. Il avait quelques nausées, on a parlé nutrition.
— En ce moment, ça va, ma mère est là, mais elle repart…
Il allume son téléphone, cherche quelque chose dedans…
— Elle part le 16 décembre. Cela va être beaucoup plus compliqué.
J’évoque la possibilité à Paris d’une livraison des repas, peut-être aussi via sa mutuelle. Plusieurs fois, il dit vraiment embarrassé :
— Tant que ma mère est là, c’est bon ; après, cela va être difficile.
D’un coup, il s’arrête. Je me lève pour rejoindre mon fauteuil. J’entends.
— Il y a ma femme aussi…