Tour Eiffel

Je suis une grande fan de la tour Eiffel que je regarde de loin et avec qui je pratique la triangulation. J’ai eu l’occasion cet été de lui rendre visite ; et de constater fort surprise que l’accessibilité était loin d’y être un standard. Il existe un tarif PMR et un tarif accompagnateur, ce qui suppose que les personnes handicapées peuvent accéder à la Tour, sommet compris.
Dès l’accès au niveau du mur d’enceinte, nous n’avons pas trouvé d’entrée dédiée ; il y en avait une au bout de la file que nous avons prise. Celle-ci était vide de visiteurs, ce qui nous a épargné de chercher. Passé le contrôle, un agent nous a indiqué l’entrée de manière suffisamment claire pour que les deux personnes qui m’accompagnaient ne la trouvent pas du premier coup.
Là, nous avons trouvé une entrée dédiée PMR qui nous a évité la file d’attente pour l’ascenseur menant au deuxième étage (avec quelques marches d’approche). Une fois arrivées sur ce premier palier, nous avons cherché l’ascenseur pour monter au troisième étage. Il y avait une double file d’attente qui, dixit celui de nous trois qui l’a prise, durait une vingtaine de minutes. Nous nous sommes mises en quête d’un agent pour savoir comment être dispensées de cette attente. Cela n’a pas été simple d’en trouver un ; qui nous a expliqué qu’il n’y avait pas de file prioritaire ; avant de nous dire qu’il allait faire exception.
La même chose s’est reproduite quand nous sommes redescendues du troisième étage : difficulté de trouver un agent ; absence de file prioritaire ; exception. Lasses, nous avons fini la visite en descendant à pied du deuxième étage.
Plusieurs fois, il nous a été indiqué que l’absence de files prioritaires nous avait été communiquée au moment de l’achat du billet. Celui-ci avait été acheté par Internet et sur le site, rien ne l’indique clairement. Sur la page dédiée, on lit : « Un accès prioritaire aux caisses du monument et aux piliers est prévu pour les visiteurs en situation de handicap. » Tout en bas, après l’exposé des tarifs, il est écrit « une attente est possible pour accéder à l’ascenseur ».
Il existe ensuite un « registre d’accessibilité » (17 pages en PDF) où il est question des UFR, usagers de cannes ou de déambulateurs interdits de sommet pour des questions de sécurité d’évacuation. Rien n’est dit de nouveau sur cette « attente » ; 20 minutes tout de même ! Aucun ERP ne prévoirait pas un coupe-fil ; ce d’autant que les passages que nous avons empruntés étaient tout à fait aménageables. Un choix… financier (cela mobilise forcément un agent) ?
Dans ce « registre d’accessibilité », je remarque un point sur « les personnes malvoyantes ou dans la lune ». Formulation maladroite ? À tout le moins. Sans être « dans la lune », les pièges sont effectivement nombreux mais la tour Eiffel est rarement directement en cause. Je crois que ça faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de coups de coude, de pieds que j’avais été bousculée… Même pas dans le métro aux heures de pointe ! C’est qu’il y a du monde ; car du monde, cela fait des entrées, de l’argent, de la rentabilité, de…
Si l’on regarde bien tous les documents relatifs à l’accessibilité, voire l’ensemble du site (qui n’est conforme au RGAA qu’à 61 %), on observe que l’essentiel est que chacun puisse faire son shopping, se restaurer, dépenser. À 36 euros la montée au sommet avec une jauge calculée au maximum, il faut bien que le pauvre gestionnaire trouve des subsides pour faire tourner la boutique !
Je me rends compte que cela me rend triste. La tour Eiffel, c’est l’emblème de Paris, au moins pour moi. On y reçoit nos visiteurs de manière exécrable : c’est cher ; c’est mal organisé ; au sommet, il n’y a pas un espace où poser un quart de fesse ; juste en dessous, il y a deux malheureux sièges et la file d’attente pour l’ascenseur est de 20 minutes, 25 minutes… Ce n’est pas acceptable.
Quant à l’accueil des personnes handicapées, des personnes fatiguées ou malades, des personnes âgées, plutôt que d’encaisser leur entrée pour leur dire ensuite qu’ils vont attendre très longtemps* les ascenseurs, on ferait mieux de leur dire carrément de ne pas venir. Ce serait plus honnête.

* Je précise ici pour les valides qui savent tout du handicap sauf sa réalité qu’attendre debout est sans doute l’exercice le plus fatigant pour toute personne fatigable. Autrement dit, si j’ai descendu sans souci les deux étages, je n’étais pas capable d’attendre debout 20 minutes.