Le renvoi en correctionnelle de la ministre de la Culture après plusieurs années de procédure est largement débattu dans les médias. Les échanges entre journalistes, éditocrates et personnel politique se concentrent sur la question des doctrines « machin » ou « bidule » qui doivent ou non s’appliquer pour justifier le maintien ou le départ de la ministre.
Ces débats sont stériles et n’ont pour fonction que d’occuper la galerie dans la mesure où ces « doctrines » n’ont rien d’institutionnel ; elles correspondent à des pratiques politiques plus ou moins inscrites dans le temps. Elles n’engagent donc que celles et ceux qui les ont utilisées pour légitimer leurs actes.
Le seul débat qui me semblerait justifié, en la circonstance, et en d’autres, serait de savoir pourquoi, dans la classe politique, les personnes considérées comme aptes à occuper des fonctions ministérielles ou des mandats nationaux sont autant impliqués dans des procédures pour corruption active ou passive, abus de bien public, parfois enrichissement personnel… N’est-il donc pas possible de mener une carrière politique sans salir ses convictions dans des petits arrangements entre amis sur fond de manipulation et d’usage abusif des deniers publics ?
C’est cette question que je pose. Je la pose à notre République, bien au-delà des personnes. Je la pose aux partis politiques qui vont désigner des candidats, surtout à ceux qui prétendent renouveler la pratique politique et redorer le blason de la démocratie. Je me la pose aussi à moi en me demandant une fois encore pour qui, ces prochaines années, je vais bien pouvoir voter si je souhaite avoir la garantie que mon choix électoral ne permettent pas à une main de plonger dans le sac de bonbons.