La proposition du ministre de l’Intérieur de créer des prisons de haute sécurité en Guyane renvoie invariablement à l’imagerie coloniale, prouvant une fois encore que l’idéologie coloniale appartient toujours au présent de notre pays. Je vous renvoie à cet article très complet de The Conversation ; il détaille parfaitement la situation.
J’ajoute néanmoins un point : cette proposition me semble éclairer d’un jour nouveau les mauvaises relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sur fond de refus de ce pays de « récupérer » ses ressortissants délinquants frappés d’une OQTF. Cette « mauvaise volonté » de l’État algérien de délivrer des laissez-passer consulaires n’est-elle pas plutôt l’expression de sa volonté de ne pas rejouer son passé colonial et la politique de peuplement de l’État français ?
On me rétorquera qu’il s’agit aujourd’hui de ses ressortissants. Certes, mais des ressortissants qui ont, pour la plupart, vécu essentiellement en France au point de pouvoir être assimilé à la population française. Leur qualité de « délinquants » rappelle également les bagnes, bataillons disciplinaires et autres établissements pénitentiaires établis par la France sur le sol algérien.
En Guyane comme en Algérie, c’est donc bien son passé colonial que la France réinvestit, autant symboliquement que concrètement, avouant, par le fait, qu’elle n’a jamais fait le deuil du « bon vieux temps des colonies ». N’en ai-je d’ailleurs pas parlé récemment dans un autre billet ? Ah ! si. Comme quoi, les bons réacs se retrouvent !
Note. À partir de 1830, la France décide de faire de l’Algérie une colonie de peuplement, gardant la mainmise sur le gouvernement de ce pays, transformant au passage le territoire, la société, voire la culture (et la langue). Cela ne vous rappelle rien (en mode « fantasme à effet rebours ») près de deux siècles plus tard ?