Vite ! La censure

Isabelle m’a fait passer un article de Libération évoquant différentes hypothèses en cas de censure du gouvernement avant le vote définitif du budget. Je conclus de cet article qu’il n’est pas prévu grand-chose dans la Constitution ni les lois organiques, le général de Gaulle ne pouvait évidemment pas imaginer une telle situation. Je conclus de la lecture de cet article qu’il n’y a pas grand-chose à craindre à part bien sûr la mise en œuvre de l’article 16 par le président de la République. Ne nous leurrons pas. S’il en a l’occasion, il ne manquera pas de le faire.
Ceci étant, je remarque dans les commentaires politiques que l’on dit tout et son contraire sur les conséquences d’une absence de budget avec tout de même une dominante : nous faire peur. Cela va d’Elizabeth Borne qui nous fait croire que la carte vitale ne va plus fonctionner à des analyses prédisant que les investisseurs vont quitter notre pays. Le Premier ministre lui-même fait référence à la Grèce, l’absolu épouvantail en matière de récession.
Pourquoi nous faire peur ? Pour permettre au président de la République d’activer l’article 16. C’est sans doute l’objectif de ce qu’il reste de son camp. Mais pour d’autres, on peut se poser la question. La maire de Paris, par exemple, dans son interview au Monde où elle déclare qu’elle ne sera pas candidate à sa succession, indique qu’il serait de mauvaise opposition de voter la censure.
Les forces sont effectivement grandes au sein du parti socialiste pour qu’il profite de cette occasion pour marquer définitivement sa rupture avec la France insoumise. On peut le comprendre mais il va falloir définitivement que ce parti change de nom. La maire de Paris revendique d’ailleurs un « parti social-démocrate ». 1,75 % ? Je l’ai quitté en 2002 quand Lionel Jospin a déclaré « mon projet n’est pas socialiste ». Cela se confirme en même tant que se confirme la décrépitude de ce qui fut un grand parti d’opposition et de gouvernement.
Il y a des fois où il faut savoir tourner la page. Je suis membre aujourd’hui du parti communiste. Je ne suis pas d’accord avec un certain nombre de ses axiomes mais je m’en moque : la rupture avec le capitalisme est aujourd’hui essentielle et reste la seule solution pour rétablir la justice sociale et gérer toutes les crises que nous devons affronter.
Pour revenir au budget, j’avoue que s’il n’est pas voté et que si c’est un peu la chienlit, cela ne sera pas pour me déplaire. C’est sans doute ce que craint la maire de Paris et ses amis politiques, la nécessité de proposer rapidement une alternance politique dont elle sait pertinemment que le parti socialiste n’est pas porteur. Tant pis pour elle, tant pis pour eux. Les dernières élections législatives ont montré que la gauche est forte dans l’union autour d’un programme ambitieux, on fera sans eux.

NB. J’ai bien conscience de vous renvoyer à des articles réservés aux abonnés ; une manière de vous suggérer qu’une presse de qualité est une presse que l’on paie ; sans doute.