Les traitements que je prends depuis presque deux ans maintenant ont tous en commun d’attaquer mon système immunitaire : il y a la chimio qui se régale de mes globules blancs ; et il y a eu l’intensification thérapeutique précédant l’autogreffe qui a supprimé mes réserves immunitaires (dans des proportions exactes que l’on ignore). Depuis, mes lymphocytes font tout ce qu’ils peuvent pour produire des anticorps mais ils ne sont pas aidés par un taux de gammaglobuline bien en dessous de leurs besoins. C’est ce que j’ai compris, sous réserve de subtilités qui m’échappent.
En dépit de tout cela, j’ai relativement bien résisté aux maladies et n’ai eu à affronter que peu d’infections majeures nécessitant la prise d’antibiotiques, jusqu’au jour où… Patatras. Cela a commencé par une otite le jour anniversaire de l’autogreffe, puis une grosse fatigue m’a quelque peu accablée sans que mes médecins n’arrivent véritablement à déterminer où se situait le problème. Au final, il a été décidé un traitement assez classique pour les personnes immunodéprimées : les perfusions régulières d’immunoglobulines.
Renseignements pris, il s’agit d’un cocktail d’anticorps issus du plasma humain. J’en ai tout de suite senti les effets bénéfiques sur mon métabolisme mais, fort étrangement, ces anticorps étrangers sont venus titiller mon entendement. Alors que les perfusions sanguines ou de plaquettes ne m’ont jamais interrogée, l’idée de ces corps étrangers en moi-même m’a posé question ; peut-être parce que ces corps sont anticorps…
Il y a là effectivement un hiatus majeur : en langage ordinaire, ce qui est « anti » est « contre » mais les anticorps agissent contre les corps étrangers délétères (virus, bactéries …) et pas contre le corps lui-même ; au contraire ! Vous suivez ? J’ai encore un peu de mal. Je vous laisse donc ces anticorps à votre réflexion avec juste une invitation à donner votre sang car voilà un soin supplémentaire que cela permet.
NB. Ils sont quand même bizarres ces anticorps ; j’enchaîne des symptômes de sinusite, toux, etc. qui varient toutes les douze heures ; vont-ils finir par m’offrir un peu de répit ?