Je me dis toujours que ça va être « sympa »

J’étais invitée l’autre jour à l’inauguration de la permanence de ma nouvelle députée. J’y suis allée en me disant que ça allait être sympa ce d’autant que j’avais eu un contact avec un vieux copain que j’aime beaucoup et que j’allais l’y retrouver. Au final, je crois que je suis restée un petit quart d’heure. Quand je suis arrivée, ma députée discutait avec les uns et les autres. Elle m’a fait un petit coucou. Puis j’ai retrouvé ce copain avec qui nous avons échangé quelques mots gentils comme nous le faisons à chaque fois. Il connaît pas mal de monde, donc nous avons été un peu interrompus, et il est parti voir des photos, je ne l’ai pas suivi.
Je me suis installée sur une chaise car j’étais un peu fatiguée. Il y avait dans la salle des personnes que j’ai reconnues avec qui je n’avais pas spécialement envie de parler. Il y en avait d’autres que je connaissais peut-être, mais qui ne sont pas manifestées. Grosso modo, je n’ai parlé à personne d’autre qu’à ce copain, une voisine qui est très gentille, et le coucou à la députée. Je devais aussi retrouver une copine, je ne l’ai pas vue.
On pourrait me faire remarquer que j’aurais pu insister un peu, c’est d’ailleurs ce que m’a dit ce vieux copain quand je lui ai dit que je partais. Je lui ai expliqué que je n’avais personne avec qui parler. Il m’a répondu que c’était l’occasion de faire connaissance… Il a raison, mais pour faire connaissance, il faut être deux. Mon regard d’albinos, quoi qu’on en dise, n’attire pas le chaland. Et si la personne ne vient pas directement à moi, en se présentant, il n’y a aucune chance que la conversation s’engage.
D’expérience, donc, dans ce genre de configuration, je suis toujours seule et je ne parle à personne… Ou personne ne me parle ; au choix. Nous sommes dans un milieu politique où évidemment les alliances, les camaraderies, les chausse-trappes, les animosités sont importantes. Pour ma part, cela ne m’intéresse pas. Dans ces gens qui ne me parlent pas, il y a bien sûr celles et ceux qui savent que nous ne défendons pas la même chose et que ce que je pourrais dire ne les intéresse pas. Il y a aussi les jeunes assistant·es avec qui j’avais échangé cet été sur une communication inclusive et qui se sont bien gardés de revenir me dire que finalement ils n’en faisaient rien. Mais j’insiste, la grande majorité est constituée de personnes qui n’arrivent pas à entrer en communication avec moi car mon regard ne le permet pas.
Alors pourquoi j’y vais finalement ? Parce que je veux rester un peu en lien avec l’action politique dans mon arrondissement. Ce n’est pas grave que je ne reste qu’un quart d’heure, je ne pense pas que j’aurais appris grand-chose à rester plus longtemps, la seule conversation un peu intéressante que j’ai entendue de loin tournait autour de Pierre Mesmer, sujet éminemment d’actualité. Il était cavalier de partir avant le discours de la députée. C’est comme ça, je n’ai plus le temps de m’ennuyer en société. J’en ai assez à m’ennuyer toute seule ! Quant à la posture qui consiste à y être tout en n’y étant pas, elle me va très bien.