Efforts

J’ai participé cet hiver au test de l’application WinWatt de EDF censément encourager les uns et les autres à baisser leur consommation d’électricité en « période rouge ». D’emblée, je remarque que l’application ne reconnaît pas les polices dynamiques : je ne peux donc pas l’utiliser sauf à avoir recours au zoom-écran. Il est question d’un widget que je n’installe pas ; l’espace sur mon écran m’est trop précieux. Je remarque également que les conseils qui peuvent m’être dispensés n’ont que peu de rapports avec mes usages de l’électricité. Le plus bel exemple que je pourrais donner c’est que l’on me conseille de baisser mon chauffage… au gaz !
Durant ces quatre mois, il paraît que j’ai gagné des trophées virtuels et des bonifications. J’ignore lesquels puisque les textes en micropolice sont accompagnés de pictogrammes dont le sens m’échappe. Mais ce n’est pas ce qui m’importe le plus : dans le dernier questionnaire que j’ai rempli, on n’arrête pas de me parler d’« efforts ». Est-ce que j’ai fait des « efforts » en période rouge pour consommer moins ? Est-ce que j’ai fait des « efforts » en période verte pour consommer moins ?
La réponse est non. Je n’ai pas fait d’« efforts » parce que, pour moi, réduire sa consommation électrique est une façon de vivre liée à l’impératif de réduire l’impact carbone de l’activité humaine. Je remarque d’ailleurs qu’EDF ne s’est pas demandé pourquoi j’avais une si faible consommation électrique : 667 kWh/an vs. 2000 kWh en moyenne pour une personne seule dans un petit logement ne se chauffant pas à l’électricité.
C’est là où je doute fondamentalement de sa bonne volonté à nous faire consommer moins d’électricité puisqu’il la vend ; si tous les ménages avaient ma consommation, EDF et consors se tireraient une balle dans le pied. En passant par cette notion d’efforts, il a été démontré que c’est le pire moyen pour que les personnes prennent conscience de la nécessité de limiter leur consommation d’énergie. Un hasard ?
Enfin, le dernier questionnaire m’a demandé si j’acceptais de changer de contrat d’électricité pour passer au contrat vert-rouge en renonçant, bien sûr, au tarif règlementé. Voici donc la preuve que l’objectif d’EDF est de vendre en nous faisant croire que des « efforts » couplés à un « bon » contrat feraient baisser notre consommation d’électricité alors qu’à mon sens c’est en changeant notre rapport à l’électricité (donc à une certaine vision du confort) que nous y arriverons.

NB. J’ai appris que, pour localiser les logements inoccupés ou sous-occupés, la Ville de Paris regarde, entre autres, la consommation électrique ; c’est juré, Emmanuel Grégoire, j’habite bien chez moi !