Mes activités associatives ne sont pas toujours un long fleuve tranquille et j’ai encore récemment éprouvé de profonds moments de solitude, un sentiment de ne pas avoir ma place, moments et sentiment en lien direct avec mes convictions profondes. Les débats autour du « mariage pour tous », la volonté de normalisation du mouvement LGBT comme mode de réaction aux expressions homophobes, la revendication d’un « droit à l’enfant » par tout moyen voire n’importe lesquels me portent à prendre des positions, à défendre des principes qui collent mal à l’ambiance générale qui tend à transformer un droit acquis de haute lutte en obligation sociale, en « facteur d’intégration ». On ne parle plus que de « faire famille », on sacralise l’enfantement et la parentalité, et se multiplient les soirées « nuit de noces » et autre atelier « pièce montée »… Je digresse.
Je voulais dans ce billet partager mes réflexions sur « prendre position » car je me rends compte combien cela peut être source de conflit, de malentendus. J’ai bien conscience que je n’y vais parfois pas avec le dos de la cuiller mais dans la sphère associative, il me semble que l’on doit pouvoir défendre un principe, « prendre position » sans que l’autre ne se sente immédiatement attaqué personnellement, désavoué, bafoué. C’est d’ailleurs le propre de toute institution, de permettre à l’individu de s’y fondre et de faire porter la responsabilité de ses décisions sur l’institution et non sur lui-même. Et pourtant, au nom de la bienveillance, de l’écoute de l’autre, du non-jugement, autant de valeurs qui sont pourtant les miennes et que je cherche à respecter, il semble que certains considèrent que la « prise de position » leur est une violence, quand elle contredit leur décision, bien sûr. Mais la décision, en tant que telle, est une prise de position, non ? Pourquoi alors ne pas accepter que des positions s’affrontent ? Oui, « s’affrontent », car l’on ne peut pas être d’accord sur tout et cela n’empêche pas de s’aimer, non ?
C’est aussi vrai dans la relation personnelle, amicale ou amoureuse. Mais c’est ici plus difficile à gérer car on est deux, face à face, et il n’y a pas d’institution pour faire écran. Et le mariage, alors ? Oui, le mariage est une institution et fait écran dans la relation de couple à beaucoup de désaccords. Je n’avais pas songé à cette pirouette en commençant ce billet. Elle me va bien. Je m’arrête donc là.